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Photo du rédacteurEstelle Borgeat

Un moment avec Nathalie Feingold

Nathalie Feingold est directrice de la société npba feingold, spécialisée dans les données et la finance. Elle siège dans des comités stratégiques et des conseils d’administration.

Son expertise est fortement recherchée et appréciée.


Madame Feingold, comment en êtes-vous arrivé là ?

Pour moi, je ne suis pas encore arrivée quelque part, je suis sur le chemin.

Cependant, tout a commencé quand j’étais étudiante, pendant la crise financière de 1998. Les prémices des grosses crises d’aujourd’hui. Motivée par un fort besoin de comprendre ce sujet complexe.


Quelles ont été les étapes décisives ?


J’ai eu envie d’apprendre et d’investir mon énergie intellectuelle sur ces grands sujets qui agitent la planète. C’est donc l’économétrie que j’ai choisi d’étudier.


A la fin de mes études, j’ai travaillé durant 15 ans dans le secteur financier pour deux grandes entreprises. Des jobs vraiment séduisants qui m’offraient de la hauteur de vue ! Les enjeux étaient stratégiques, et je travaillais aux côtés de personnes brillantes.

Ainsi, j’ai appris comment se prennent les décisions et que veut dire le mot « rigueur ».

Alors pourquoi l’entrepreneuriat ?

Bizarrement, j’ai n’ai pas complétement choisi l’entrepreneuriat, je dirais que j’ai été inspirée par un vide.


En 2008, je me suis intéressée au monde des start-up. En rejoignant un groupe de Business Angels, j’ai l’occasion d’étudier des dossiers. C’était l’émergence du easy digitale, tout le monde pouvait lancer sa boite grâce à des outils digitaux accessibles. C’est surtout la création de data qui suscitait un énorme intérêt ! Une data exploitable qui à terme générerait de la valeur. L’engouement et l’excitation leur faisaient oublier des aspects importants comme le risque que toutes ces données représenteraient.


Grâce à mon expérience, j’étais consciente que de générer des données, les stocker et les exploiter n’était pas anodin et que ça demandait un travail considérable. Il m’a donc semblé évident que ces différentes sociétés avaient besoin de conseils pour gérer toutes ces données. J’ai ainsi décidé de monter ma boite.


Faites-vous ce que vous vouliez faire ?


Mon idée initiale était de prévenir des risques. D’aider les entreprises à anticiper les éventuelles problématiques liées à la gestion des données. Cependant, j’ai rapidement découvert que les entreprises qui auraient réellement besoins de ces services n’en voulaient pas. Elles n’étaient pas prêtes.


Les clients qui me consultent sont conscients de l’importance de la donnée. Ils connaissent déjà les risques et ont besoin de mon expertise pour les anticiper, les déjouer. Ou sur d’autres sujets en lien avec le digital. Ce sont des experts dans le domaine, ce qui peut parfois paraitre paradoxale et pourtant. C’est un regard externe que je leur apporte.


D’autres me contactent une fois qu’il est trop tard et qu’il faut résoudre une vraie problématique. Par exemple à la suite d’une cyberattaque.


Que pensez-vous de la situation actuelle ?


Nous découvrons une partie des conséquences de notre dépendance technologique. C’est l’affolement dès que nous réalisons qu’en cas de coupure d’électricité, nous perdrons accès à nos machines. Pourtant, les risques étaient connus il y a plus de 10 ans, mais nous avons simplement choisi de ne rien faire.


Comment voyez-vous la suite ? Existe-t-il des sujets desquels nous devrions davantage nous préoccuper ?


Aujourd’hui, nous nous intéressons beaucoup aux données personnelles, qui est un réel sujet. Mais ce n’est qu’un bout du sujet. Pour ma part, il est surtout important de s’assurer que tous, comprennent ce qu’est une donnée. La production de la donnée peut être active ou passive et une donnée produite de façon passive est souvent hors des radars de l’entreprise. Connaissez-vous toutes les données que vous stockez ?


Il est très fréquent que des entreprises collectent des données dans l’optique de les utiliser peut-être un jour. Malheureusement, ce type de collecte n’est pas pertinent et le jour où l’entreprise souhaitera les utiliser, elles ne pourront sans doute pas servir.


Alors pourquoi continuer à collecter des données qui génèrent de nombreux risques et qui sont inexploitables ?


Je pense que nous sommes encore trop peu nombreux à comprendre que la récolte doit être rigoureuse pour être utile. Une donnée se doit d’être précise.

De plus, il faut se souvenir que nous sommes responsables des données que nous générons. Les stocker engendre de nombreux frais, consomme de l’énergie et a donc des conséquences. Nous avons longtemps pensé que c’était neutre parce que c’était gratuit, mais ce ne l’est absolument pas.


J’ai lu, récemment, une étude menée par l’UNCTAD expliquant que seulement 5% des données sont utiles. Alors pourquoi conservons-nous les 95% restant ? Ce travail de sensibilisation est pour moi indispensable si toutefois les personnes concernées sont prêtes à l’entendre et à y remédier.


Madame Feingold, qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail ?


Je fais appel à mes compétences au quotidien. Qu’il s’agisse de finance, de la data et du digital. Je mets à profit mon parcours. Pour un rat de bibliothèque comme moi, mon travail est idéal, il me demande de réfléchir, de lire, de chercher, de comprendre.


Je me sens également utile parce que j’apporte une pure valeur ajoutée. Il faut comprendre que les délais sont très courts dans mon domaine. Mes clients attendent de moi que je me positionne rapidement. Je dois donc comprendre l’activité de l’entreprise, le marché dans lequel elle évolue et son environnement en accéléré.

On a les clients qui nous ressemblent !

C’est une phrase qui m’a marqué et qui me reste en tête. Pour ma part, on ne peut pas faire semblant quand on est indépendant. C’est ainsi que l’on se retrouve à travailler avec des personnes qui ont la même échelle de valeurs et c’est très bien ainsi.


Si vous deviez donner 3 conseils sur l’entrepreneuriat, quels seraient-ils ?


Le premier : comprendre la sérendipité


C’est l’idée de partir à la recherche de quelque chose dans la vie et de rencontrer un autre bénéfice, un autre résultat. Être entrepreneur, c’est savoir accueillir ce résultat. Ce qui nécessite une ouverture d’esprit et de la souplesse.


Le deuxième : avoir de la patience


Tout prend vraiment beaucoup de temps. Pour la petite anecdote, un client, à qui j’avais fait une offre 5 ans auparavant, vient de l’accepter. Ce qui prouve que de tisser des liens est le plus important. Notre environnement économique est mouvant et nous le sommes également. Le timing ne peut pas être maitrisé, nous ne connaissons jamais à l’avance quand sera le bon moment pour notre client. Encore une fois, soyons souples.


Le troisième : être ouvert aux propositions


Comme tout prend beaucoup de temps, j’ai tendance à accepter des propositions professionnelles qui se présentent à moi. Parce que je sais que tout n’aboutira pas, ainsi vont les affaires. Je pense que tant que l’on est curieux, enjoué et que l’on éprouve du plaisir, tout est envisageable, les choses qui doivent se faire, se feront.


L’entrepreneur sait aussi que ce sont des phases, il y a des phases très chargées et d’autres plus creuses.


Rencontrez-vous des phases de doutes ? Si oui, à quoi vous raccrochez-vous ?


Il m’arrive de dire c’est bon, c’est mon dernier lundi, j’arrête tout. Là, mon téléphone sonne, c’est l’un de mes clients, il me propose une mission passionnante. À peine raccroché, je suis reboostée, prête à continuer.


Je l’ai dit plus haut déjà, nous avons les clients qui nous ressemblent. C’est une reconnaissance mutuelle qui s’installe entre eux et moi.

Faire quelque chose qui nous anime permet de nous y accrocher dans les phases plus difficiles et donne des ailes quand tout va bien.
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